Gwenola Breton
ENFANT
(Histoire dansée /Tout public à partir de 6 ans)
ENFANT est une traversée onirique, construite autour de la danse contemporaine, du texte et de la musique. Bouillonnements intérieurs et déclinaisons sensibles d'émotions se succèdent pour cet enfant qui vit le manque provoqué par la perte de son père, disparu en mer. Ballade entre vagues et forêt, entre rêve et réalité, il laisse libre cours à ses jeux et tisse un monde imaginaire et sauvage, dans lequel il va puiser la force d'affronter son chagrin.
Il trouve alors le rebond et l'art de "naviguer entre les torrents".
Ce spectacle est une invitation à se laisser porter, par les sensations, la danse, les mots, la musique : un vagabondage hors des sentiers de la narration, pour les oreilles et pour les yeux.
Durée 40 mn
Sur une idée originale de Lise Casazza
Mise en scène : Lise Casazza et Gwenola Breton
Chorégraphie, interprétation : Lise Casazza
Dramaturgie et textes : Gwenola Breton
Création de la bande sonore : Mathias Forge et Yoann Coste
Chant et créations des mélodies : Gwenola Breton
Voix : Lise Casazza
Créations improvisées instrumentales : Violon : Anouk Genthon Trombone : Mathias Forge - Guitare : Yoann Coste
Régie : Nicolas Diaz ou Mathilde Marcoux
Costumes : Isabelle Garnier
Structures Métalliques : Antoine Fargue
Production : Nath. Bruère
Photos : Laurie Sanquer
Création et production de la Cie Nue - 2017
TEXTE INTÉGRAL :
Au plateau Le grand Cerf fait des traversées de cour à jardin et inversement avant que le public ne soit assis et avant le début de l’histoire.
(Sous-texte)
Nous sommes au plus profond de la forêt, là où plus aucune lumière ne pénètre.
C’est la nuit. Il fait particulièrement nuit ce soir, c’est une nuit de lune noire.
Le tronc des arbres restent sans contour, les feuilles des arbres, si blanches au soleil, semblent devenues noires elles aussi. Rien n’est plus perceptible pour l’œil de l’homme. Même le phare de la tourelle, au large de l’île Tudis, ne vient plus frôler, comme il le faisait jadis, à intervalle régulier, avec lenteur et comme à regret, confus de déranger cette obscurité profonde, le tapis de mousse des sous-bois.
Imaginez que vous marchez les yeux fermés, vous pouvez sentir l’odeur de la terre et des champignons qui remontent jusqu’à vos narines. Avancez encore, vous pouvez entendre les animaux qui s’éloignent, au fur et à mesure que vos pas se rapprochent.
Vous pénétrez dans un espace sauvage, tout autour est inconnu, gardez les yeux grands ouverts, c’est le monde de la nuit qui s’éveille devant vous.
On entend comme un bruit d’eau, comme un bruit de torrent à proximité de la forêt.
C’est le vent qui secoue les branches des châtaigniers. Ce sont des arbres, vieux de plus de mille ans. La nature, ballottée par les bourrasques marines sait ce qu’elle a à faire.
Elle connait ce que le vent amène avec lui, les embruns, les rafales et puis la tempête.
Elle sait la force qu’il va lui falloir pour se maintenir là où elle est et rester verticale.
Tout autour est silencieux.
Il n’y a rien d’autre que le bruit du vent dans les arbres et celui du ressac de la mer au loin.
Au loin, Sons graves, mêlant corne de brume, brame du cerf, et vent…
INTRODUCTION
I - Nuit de Lune noire
Poème prologue
Quand l'enfant était enfant
Il croyait qu'il vivait seul
Que dans le monde il n'y avait rien
Il n'y avait rien à part l'enfant.
Il marchait le long des chemins
Arpentait les sous-bois,
S’asseyait sur une souche.
Tout lui servait d’abri, de couche.
Quand venait le temps de jouer
Il oubliait de se nourrir
Un rien l’abreuvait, il faut dire.
Et les jours remplis de peu, y pourvoyaient fort bien.
Dans sa course, il cognait ses flancs aux lueurs de la lune
Franchissait les moles par delà les dunes
Et tombait de fatigue à l’arrivée de la brune.
Il ignorait que le temps avait passé.
Il ignorait que quelqu’un l’attendait pour dîner.
Quand l'enfant était enfant
Il n’avait qu’une seule pensée
Il ne pensait qu’à une seule chose
Refaire le chemin vers la mer
Remonter le cours de l’eau
Devenir Navire Bateau.
Tout cela n’était qu’un jeu.
Un jeu d’enfant il faut dire.
Et il n’y a rien de plus sérieux.
PREMIER MATIN
On entend la météo marine :
Vent Variable 1 à 3, localement Nord à Nord-Ouest 3 à 4 vers la forêt,
Localement bourrasques fréquentes à l’école. Mer peu agitée, localement un peu excitée dans la cour de récré, mollissant jusqu’à la maison. Houle Ouest 1 m, localement 1.5 m.
Beau temps. Visibilité bonne.
Fredonnement joyeux
C’est long c’est lent
Comptine des Poissons :
Gobie moucheté, raie guitare
Poisson lune, Bernard Lhermitte,
Bécasse - Loup, et Girelle,
Etoiles de mer, Vieille coquette
Apogons et Picarels
Castagnole, et grondin lyre.
Barbu, et Ombrelles de mer.
Sitôt fini la matinée
Je saute dans l’eau
Quand le temps est beau
Et s’il est mauvais,
Hiver comme été,
Tant pis j’y vais !
Comptine 1 :
Mais moi qui je suis ?
Je suis moi
Et pas toi
Qui le sait ?
Qui se tait ?
Ce silence soudain m’effraie
1-2-3 - Qui est là ?
Je sens quelqu’un derrière moi
Ha ! Ha ! Montre toi !
Qui est cette ombre dans le bois ?
Si je me cache sous les rochers.
Tu ne pourras pas me trouver !
Ah ! Ah ! Tu vois, je t’ai bien eu,
A présent, tu ne me vois plus !
II - Nuit de Lune rouge
Une phrase : « Je rêvais de mon père à cet instant.. »
DEUXIEME MATIN
On entend la météo marine :
Vent Nord-Nord fraîchissant rugissant mugissant - 8 à 9. Fortes rafales s’affalant s’affolant.
Mer Forte à très forte sur les Manches, très forte à grosse sur la pointe des oreilles.
Houle longue d'Ouest 1 à 1.50 m, s'amplifiant 2 à 3 m sur la pointe du nez en après-midi. Temps : colérique, ondées orageuses dans l’air. Visibilité mauvaise sous précipitations. Ne sortez pas sans vos bottes !
Comptine 2 :
Ombre ! Ombre ! Tu es revenue
Ombre ! Ombre ! Je t’ai reconnue
Qui es-tu, que me veux-tu ?
Ombre ! Ombre ! Je t’ai déjà vu
Ombre ! Ombre ! Tu ne partiras plus
Je savais bien que je finirais par te retrouver !
Rien ? Plus un bruit ? Serais-tu partie ?
Ombre, Ombre, Où es-tu ?
Ombre, Ombre, Que fais-tu ?
Je ne te vois plus !
Je ne suis encore qu’une enfant à nouveau si seule à présent !
Chant du grand chagrin
Je suis immobile au bord de mon île
Juste à côtés de mes pieds
Je suis à regret dans ma tête enfermée
Grand cerf où t’es-tu caché ?
Je suis sans bouée contre mes pensées
Et pourtant j’aime y plonger
Je nage, Je nage, Je nage.
Mais voici la grande vague
Qui m’attrape par le gilet
Ma tête agitée me fera couler
Bientôt je serai noyée !
Je nage. Je nage. Je nage.
Bientôt je serai noyée
Et voici que la grande vague
M’attrape par le mollet
Je coule. Je coule. Je coule
Plus rien n’est à ma portée !
Je coule. Je coule.
Papa je viens te chercher.
III - Nuit de cauchemar
Poème cauchemar somnambule
L’enfant : Je rêvais de mon père à cet instant. Il était à bord du Malamock, en route vers le grand large. Poussé par la tempête venant du sud, le navire essuyait depuis des heures à présent une terrible tempête ! Soudain ! Un si terrible assaut ! Des vagues faisaient plus de dix mètres de haut ! Un vent terrible souleva la mer plus vivement encore et sembla vouloir l’attraper par le col ! Une déferlante puissante bascula le bateau et en un instant, l’océan devint blanc comme la neige de tous côtés….. Il s’affaissa…. Et puis plus rien.
Le chœur du grand Hahaha :
L’enfant devint fou de colère,
Alors il bu toute l’eau,
Toute l’eau de la mer !
Le chœur du grand Hahaha
Il a tout bu ! Tout bu !
L’enfant !
L’enfant Océan !
Tout bu ! Tout bu !
L’enfant !
L’enfant ogre !
L’enfant Titan !
Il a tout bu ! Tout bu !
L’enfant !
Glouton ! Glouton !
Tous les poissons,
Sont passés, passés
Un à un par ses dents aiguisées.
Héhéhé ! Héhéhé !
(Bis du chant dans sa totalité)
Chant de l’enfant ogre
Je suis l’éclair je suis le vent
La tempête le volcan
Je gronde ! Je gronde !
Parmi la ronde
Je gronde ! Je gronde !
Parmi la ronde
Des enfants grandissants
A présent :
Je ne suis plus une enfant !
TROISIÈME MATIN
On entend la météo marine :
Vent Variable 1 à 3, localement Nord à Nord-Ouest 3 à 4 vers la forêt,
Localement bourrasques fréquentes à l’école. Mer peu agitée, localement un peu remuante dans la cour de récré mollissant jusqu’à la maison. Houle Ouest 1 m, localement 1.5 m vers Beau temps. Visibilité bonne.
Chant :
C’est long c’est lent
Le chagrin des hommes
C’est long c’est lent
Le chemin des lendemains
Au plateau marche enfant bottes – quittées puis marche animal
La Révérence
L’enfant : Il était là. Je n’avais pas la berlue. C’était bien lui.
Bien sur, n’importe qui me dirait : Mais non ! Ce n’est pas lui !
Ce ne peut pas être lui voyons, tu vois bien que c’est un cerf.
Mais tout était clair pour moi à présent. Il se tenait droit devant moi.
Je m’avançais vers lui. Il ne bougeait pas. Nous nous considérâmes un instant
Et Il me sembla qu’il baissait la tête, comme pour me faire la révérence.
Au plateau : L’enfant/Le Grand Cerf – Face à Face
L’enfant : Ainsi, Je le saluais en retour, mais il recommença de plus belle.
Si bien que se saluant l’un l’autre à tour de rôle, nous avons commencé à danser.
Chant pour retrouver l’élan :
Retrouver l’allant, Allez !
Secouer l’élan, les pieds !
Allez Allez l’allant
La ruée vers l’ire
Il faut oublier
Les râles les soupirs
Il faut enterrer
Les vieux souvenirs
Il faut effacer
Trouver de la place
Trouver de la place
Explorer !
Retrouver l’allant, Allez !
Secouer l’élan, les pieds !
Allez Allez l’allant !
Au plateau : L’enfant/Terre
Poème du Printemps
Je rêvais de mon père à cet instant
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas rêvé de mon père.
J’étais monté sur ses épaules,
J’étais enfant.
Je le prenais pour un voilier
Nous allions de l’avant.
C’était doux, c’était blanc
Ses pas sur le sable en Avril
Il faisait beau, nous étions contents
C’était le début du printemps.
Poème de fin :
Quand j’étais Enfant,
J’accueillais chaque pensée comme la mienne
Tout en moi était poreux.
Je voyais le monde à travers une loupe,
Si bien que chaque geste devenait une montagne
Et chaque mot une vérité.
Le moindre détail m’était considérable,
Et je gardais toutes les choses consignées dans ma tête.
Mes larmes étaient des torrents,
Et mes sources inépuisables.
Pourtant, si quelque chose venait me distraire
Mes rivières s’asséchaient immédiatement.
Je passais du rire aux larmes si rapidement
Qu’il me semblait toujours que j’étais en avance sur le temps.
Tout en moi était passager
Sauf mon âme, qui demeurait immobile
Comme le sont, les choses impénétrables.
Quand j’étais Enfant
Chaque jour, j’étais absorbé par de nouvelles trouvailles,
Mes oreilles s’ouvraient et se fermaient au monde
Comme deux ponts levis à l’entrée d’un château fort
Mais dans mes pensées les plus profondes
Partout je voyais des ombres
Je redoutais qu’un dragon ne me dévore
Et me battais contre la mort.
Parfois la peur me transformait en pierre
Je me faisais mur et décidais de me taire.
Mais selon ma nature,
Rapidement je cessais d’être une armure
Pour devenir lande
Et qu’on me confonde avec l’horizon.
Quand vint le temps des questions, je me demandais : comment le ciel faisait pour tenir si longtemps en l’air sans retomber sur la terre et comment la terre pouvait tourner sur elle-même sans me faire vaciller. Comment le vent faisait pour être invisible et pourquoi il soufflait ici plutôt qu’ailleurs ? Pourquoi il venait si souvent sur mon île ? Pourquoi cette île et pourquoi pas une autre ? Pourquoi moi et pourquoi pas un autre ? Pourquoi si petit et pourquoi pas plus grand ?
Je me demandais pourquoi rester là, quand je pensais à ceux qui étaient partis.
Et pourquoi se taire quand je pensais à ceux qui ne disaient rien.
Quand j’étais Enfant, j’étais la pluie quand la pluie tombait le dimanche
Et le bruit de la pluie sur des feuilles, quand la nature battait tambour.
J’étais les feuilles, quand les feuilles s’accrochaient aux branches,
Et devenais branche, quand le vent soufflait dru et que je n’étais pas de taille. A la nuit tombée, lorsqu’il était tard et que le vent était las d’avoir si longtemps soufflé, je devenais le vent lui même, apaisé, je m’asseyais près de la rivière et je me mettais à chanter.
Quelqu'un avec personne dedans*
Texte écrit en 2014 pour le spectacle de rue de Lise Casazza sélectionné au festival Châlon dans la rue IN - sélection SACD- en 2015 "Je suis un pur produit de ce siècle".
TEXTE INTÉGRAL :
Premier Chant
Cluster - Allitérations enregistrées séparément puis assemblées et agencées avec d’autres sons.
1) Bourdonnements en continu
kkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkk (craquellement)
ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss (sifflement)
mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm (plainte – son aigu)
2) Sons projetés – hachés – brefs –réguliers - à la croche
K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K K (Couper)
S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S S (Frottement sur le sol)
M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M (Une demande)
3) Sons sourds – à la ronde
Keu keu keu keu keu Keu Keu Keu Keu (Creuser- train vapeur)
Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa (Faucher)
Mae mae mae mae mae (Comme qqn qui tombe dans le vide en criant)
Deuxième chant
Le rythme des mots prononcés est lent puis de plus en plus rapide au fur et à mesure qu’ils augment en quantité. Les mots sont liés entre eux surtout lors du passage d’une ligne à l’autre.
(Sotto voce - de Lento à Presto )
Quel
Quel
Quel
(…)
Os
Os
Quel
Os
Quel - Quel
Os - Quel – Os -
Os - Sol - Sol - Os
Sol – Quel - Os
Sol - Quel – Quel - os
Sol – Sol - Quel – Sol – Sol - Os – Sol
Quel– Quel – Os – Os – Quel – Sol - Sol
Quel – Sol – Os – Os – Quel – Os – Mouillée (…)
Os - Quel – Os – Quel - Mouillée - Sol – Sol
Os - Mouillée - Quel - Mouillée - Os – Sol
Quel - Mouillée – Quel – os - Mouillée - Quel – Sol
Sol - Os – Sol – Mouillée – Os - Quel
Quel - Sol - Quel - Os – Quel – Mouillée - Mouillée
Mouillée - Quel - Quel - Quel – Os – Quel - Mouillée
Troisième chant
Prélude
(Texte écrit mais pas entendu)
Agités, Comme les marins la veille de la grande marée.
C’est l’heure ! disent-ils. C’est mon heure !
Quelqu’un est entré.
Introduction
( Mezzo piano - Adagio)
Bête quelqu’un.
Reste là !
Bête.
Debout.
Debout !
Bête.
Hébétée.
Bête !
Bête !
La peau.
Mouillée.
Mouillée.
Ce qui reste.
Un terrier vide
Quelqu’un -
Prends.
Rien.
Ramasse !
Ramasse.
- Endure
Quelqu’un.
Ce que quelqu’un d’autre
A aimé.
I
Malgré un bruit
Malgré.
Remplir.
Malgré l’heure.
Malgré Malgré.
Malgré le temps.
Mauvais la haute marée.
Quelqu’un
Marche à côté.
Ne pas se retourner
Quelqu’un est entré.
Malgré.
II
(Mezzo forte - Andante)
Quelqu’un pourrait
Habiter cet endroit
S’y plaire
Y rester.
Quelqu’un.
Pourrait le recouvrir
D’un linge fin et doré.
Pourrait le protéger
Le sol
Le consoler.
Quelqu’un
Pourrait habiter cet endroit
Les portes fermées
Les fenêtres closes
Les maisons
Closes.
Quelqu’un pourrait
Habiter cet endroit.
Quelqu’un d’autre que toi
Malgré ta volonté.
III
(Mezzo forte vers le Forte - Vivace)
Ta volonté
Un mètre carré
Ta volonté
Un mètre de soie
Coupé en biais
Tes pas
Sur un mètre carré
Tes pensées
Sur un mètre carré
Ta fenêtre
Sur un mètre
A tout casser
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
Respirer
(…)
(Forme répétée à volonté comme une transe et en canon)
IV
(Mezzo forte - Adagio)
S’asseoir à côté
A présent je pourrais
Remonter Le cœur -
Muet comme un os
Effleurer
Quelqu’un de vaste
Quelqu’un à l’intérieur
Comme une cave voutée.
Remonter Le cœur -
Muet comme un os
Effleurer
Quelqu’un.
Quelqu’un - un instant à l’abri -
Abrité Quelqu’un
Avec personne dedans.
Quatrième chant
Chant léger sur mélodie/ Soprano légère
Affairée à laver son corps sage
Dans l’eau claire des sommets (bis)
Adèle laissa tomber son lainage
Au bord du lac gelé (bis)
Un homme vint à passer sur l'alpage
Ne put ses yeux détourner (bis)
Adèle affolée, par son jeune âge
Dans l'eau s'est réfugiée (bis)
L'homme épris retournant au village
Son père a voulu trouver (bis)
Votre fille je voudrais faire mienne
Sans cela vivre ne pourrai (bis)
Refrain :
On l'appelait amour fou ce vent là
Il avait les yeux très doux
Ce jour là
Ce vent qui blesse un peu tout
Ce fou là
Celui qui dévaste tout
Et s'en va.
Vint le temps de poser sur la couche
Les joues fraiches et les baisers (bis)
L'homme tira sur sa natte avec force
Ne put se relever (bis)
Allongée sur le bras de la mère
L'homme refusant de parler (bis)
A défait son habit de pudeur
Et puis s'en est allé (bis)
De retour au foyer sur la pierre
Le corps de la mariée (bis)
Avait la couleur des jeunes pousses
Et sur la gorge un lacet (bis)
Dans les monts de Lozère et au large
Des berges et des marées
Le silence et l'effroi lors résonnent
Pour chaque fille née (bis).
* Le titre de ce texte m'est venu en référence à celui de Chloé Delaume, lu dans un rayon de bibliothèque: " Une femme avec personne dedans"qui m'a immédiatement percuté, sans pour autant me convaincre, car il se situait à un endroit où je n'étais pas encore, celui du genre et de la narration, tandis que pour ma part, je travaillais encore au neutre. Mon choix a été de me détourner de la narration (un personnage féminin) pour trouver un rapport plus métaphysique que physique,une formule, c'est à dire personne, qui vient dire l'absence de personnage, dans un rapport illogique et contradictoire, le nonsense disent les anglais, pour accompagner mon texte sur la construction du langage en parallèle à la tentative de reconstruction du personnage sur scène.